Albanie : Son intégration à l’Union Européenne dépendante de sa classe politique


Source : Union Européenne
Source : Union Européenne

Aurenc Bebja, France – 16 Février 2017

 

La candidature d’adhésion de l’Albanie à l’Union Européenne (UE) a été déposée en avril 2009, mais ce n’est qu’à partir d’octobre 2012 que son statut de candidat a été recommandé au sein des institutions européennes.

 

Environ deux ans plus tard, en juin 2014, le Conseil Européen, réunit à Bruxelles, lui a octroyé, cette fois-ci, le statut officiel de candidat à l’UE après l’accord de la Commission Européenne et du Conseil « Affaires générales ».

 

Une note récente du Parlement Européen, datant du 15 février 2017, met en avant certains progrès de l’Albanie – évoqués par le rapporteur en charge de ce dossier, Knut Fleckenstein : « … L’adoption d’une réforme profonde du système judiciaire est une étape majeure sur le chemin de l’Albanie vers l’UE et pour faire du pays un État moderne… » – pour autant les conditions à remplir, dont on constatera par la suite, démontrent clairement que l’entrée du pays des Aigles à l’UE n’est pas prévue pour demain.

 

Il est précisé dans la note que : « La résolution sur l’Albanie, adoptée par 546 voix pour, 85 contre et 62 abstentions, souligne qu’une mise en œuvre crédible de la réforme judiciaire, des progrès notables dans la lutte contre le crime organisé et la corruption, et la tenue d’élections libres et équitables en juin 2017 pourraient être des éléments clés pour faire avancer le processus d’adhésion à l’UE et commencer les négociations. »

 

Si parmi les observations figurent principalement la réforme judiciaire, la lutte contre le crime organisé et la corruption ainsi que le bon déroulement des prochaines élections législatives du mois de juin 2017, on remarque également dans la Résolution du Parlement européen du 15 février 2017 sur le rapport 2016 de la Commission concernant l’Albanie d’autres points essentiels à prendre en compte et à résoudre par la classe politique albanaise, par le gouvernement, comme par exemple :

 

-          l’exclusion des auteurs d’infractions pénales des fonctions publiques (P.7) : « …invite les partis politiques albanais à respecter à la fois l’esprit et la lettre de la loi excluant les auteurs d’infractions pénales des fonctions publiques lors de l’établissement de leurs listes de candidats pour les prochaines élections; appelle de ses vœux la mise en œuvre pleine et entière de cette loi » ;

 

-          le vote de la diaspora albanaise (P.8) : « …encourage les autorités albanaises à prendre des mesures visant à faciliter la possibilité pour les citoyens albanais résidant à l’étranger de voter en dehors du pays lors des élections albanaises » ;

 

-          le renforcement des mesures d’éradication de la culture du cannabis (P.14) : « …salue les opérations menées dernièrement contre des plantations de cannabis, mais préconise toutefois de renforcer les mesures d’éradication de la culture, de la production et du trafic de drogue en Albanie ainsi que des réseaux criminels organisés y afférents, notamment en renforçant la coopération internationale et régionale; relève toutefois que la police et le parquet ne sont pas en mesure d’identifier les réseaux criminels responsables de la culture de drogue » ;

 

-          la discrimination des femmes et des filles des groupes défavorisés (P.22) : « …continue de s’inquiéter de la discrimination qui vise les femmes et les filles appartenant à des groupes défavorisés ou marginalisés et de l’absence de mesures adéquates pour leur protection, ainsi que de la fréquence des violences domestiques perpétrées à l’égard des femmes et des filles »;

 

-          l’absence d’enquête pénale concernant les décès survenus lors des manifestations du 21 janvier 2011 (P.26) : « …regrette que les autorités compétentes n’aient jusqu’à présent pas mené d’enquête pénale efficace en ce qui concerne les décès survenus lors de la manifestation du 21 janvier 2011; demande aux autorités de rendre justice, sans délai injustifié, aux victimes des événements survenus ce jour-là » ;

 

-          la liberté des médias (P.28) : « …déplore les progrès limités réalisés dans le domaine de la liberté des médias l’année passée; rappelle l’importance capitale de l’indépendance et du professionnalisme des médias privés et publics; s’inquiète de l’influence politique exercée sur les médias et de l’autocensure répandue parmi les journalistes… » ;

 

-          Les abus survenus lors de la dictature (P.35) : « …indique qu’il est essentiel de faire la lumière sur la période communiste et de révéler les violations des droits de l’homme commises à l’époque de sorte à obtenir vérité et justice pour les victimes » ;

 

-          les demandeurs d’asile (P.38) : « …constate avec inquiétude que le nombre de demandes d’asile déposées par des ressortissants albanais dans les États membres de l’Union et jugées infondées a encore augmenté; prie instamment le gouvernement de prendre sans délai des mesures fermes pour s’attaquer à ce phénomène et d’intensifier les efforts de sensibilisation, de soutien socio-économique et de prévention en la matière, ainsi que de s’intéresser aux facteurs d’incitation au départ liés au chômage et à des failles structurelles des politiques de protection sociale, d’enseignement et de santé » ;

 

En se référant aux constats de l’ensemble des éléments plus haut, il est évident que – et sans tenir compte de l’euroscepticisme et/ou de la montée du nationalisme politique en Occident – le gouvernement albanais (actuel et futur) aura la responsabilité de résoudre l’ensemble des points relevés par les institutions européennes, afin de pouvoir espérer un jour intégrer l’UE.

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/aurenc-bebja/blog/160217/albanie-son-integration-l-union-europeenne-dependante-de-sa-classe-politique